Pilates et Sclérose en Plaques

Posté par: Leaderfit Dans: Pilates Sur:

Touchant plus de 2000 personnes chaque année en France, la Sclérose en Plaques est une maladie fortement invalidante dont la prise en charge est complexe et passe aujourd’hui par des activités physique adaptées. Parmi elles, la méthode Pilates.

La Sclérose en plaques, une affection multidimensionnelle

La Sclérose en Plaques (SEP) est une maladie neurologique dégénérative, évoluant sous différentes formes (récurrente-rémittente avec des poussées aiguës ou progressive) et stades. Elle est à la fois inflammatoire, chronique, démyélinisante* et diffuse, et affecte la substance blanche du système nerveux central en formant des plaques de sclérose. 

Ses conséquences ? Une altération des capacités motrices, sensorielles ou encore cognitives, avec une fatigue prédominante et bien souvent un déconditionnement à l’effort qui touche l’ensemble de la musculature. 

En effet, les patients atteints de SEP peuvent restreindre ou arrêter toute activité physique dès l’annonce du diagnostic, notamment de peur de voir leurs symptômes s’aggraver. Cette inactivité entraîne une perte de force musculaire et des capacités aérobies (endurance) ainsi qu’une altération du système cardiovasculaire qui favorise le déconditionnement. 

L’activité physique dans les programmes de rééducation

Si l’activité physique a été pendant longtemps déconseillée aux patients atteints de SEP, de nombreuses études ont démontré depuis la fin des années 80 qu’elle comportait au contraire d’important bénéfices sur les plans physiologiques et psychologiques (augmentation de la force, de la mobilité, de l’endurance, diminution de la fatigue, amélioration de l’estime de soi, entretien des liens sociaux, etc.), avec une amélioration de leur qualité de vie (White et al, 2012).

Aujourd’hui, l’un des objectifs de la prise en charge de la SEP va donc être de maintenir le patient physiquement actif dès les premiers stades de la maladie pour ralentir son évolution. 

En parallèle des traitements médicaux, des activités en endurance (marche nordique, vélo…), associées à un renforcement musculaire, sont ainsi souvent prescrites et intégrées à des programmes rééducatifs pluridisciplinaires chez les patients ayant un handicap léger à modéré.

Plusieurs recommandations, notamment de la Haute Autorité de Santé, ont par ailleurs été établies pour la réalisation d’exercices physiques dans le cadre de la SEP :

  • l’endurance doit être maintenue entre 10 et 40 minutes lors des exercices en aérobie pour jouer sur les capacités cardiorespiratoires, 
  • les exercices de renforcement des principaux groupes musculaires doivent être supervisés par un kinésithérapeute, avec un travail en charge et/ou en excentrique, des pauses fréquentes, sous contrôle du tonus musculaire
  • des exercices d’étirements devraient être effectués avant et après chaque session, 
  • un travail de l’équilibre, de la proprioception, de la marche et de la coordination est à intégrer,
  • les objectifs sont à individualiser et adapter selon les besoins du patient et les examens cliniques, en tenant compte de la fatigue,
  • les rééducations périnéales et respiratoires sont également à prendre en compte en cas de troubles.

Le Pilates, un nouvel outil thérapeutique dans la SEP

Dans ce contexte, des activités alternatives aux exercices classiques de kinésithérapie trouvent une place de choix chez les personnes atteintes de SEP, leur permettant de varier les séances, avec une meilleure adhésion et un engagement sur le long terme. 

C’est ainsi que la méthodes Pilates est depuis quelques années utilisée comme un outil de rééducation pour améliorer les capacités fonctionnelles et la qualité de vie de ces patients, avec de plus en plus de kinésithérapeutes formés et certifiés à la méthode.

A ce titre, plusieurs études ont été réalisées sur les effets de la méthode Pilates auprès de patients atteints de SEP, avec comme observations : 

  • une amélioration de la vitesse, de l’équilibre et de la qualité de marche, avec une diminution des risques de chute (Guclug-Gunduz et al, 2014 ; Duff et al, 2018 ; Gheitasi et al, 2021),
  • une amélioration des capacités respiratoires et un meilleur contrôle moteur (Abasiyanik et al, 2019),
  • une amélioration de la stabilité du tronc et de la posture (Fox et al, 2016),
  • une amélioration de la posture assise par les patients SEP en fauteuil roulant (Van der Liden et al, 2014).

La plupart de ces études soulignent également des bénéfices du Pilates au niveau des capacités cognitives, de la fatigue et de la réduction de la douleur. Ces impacts positifs constituent des conditions primordiales pour maintenir aussi longtemps que possible la mobilité et l’autonomie chez les patients atteints de SEP. 

Comment utiliser le Pilates pour la SEP ?

Facilement individualisable et adaptatif, le Pilates va pouvoir à la fois aborder un travail de renforcement musculaire, d’étirement, d’entretien des amplitudes articulaires et d’équilibre chez les personnes atteintes de SEP, sous la supervision d’un kinésithérapeute certifié.

Les protocoles d’étude insistent sur le fait que les exercices de Pilates ont l’avantage d’être réalisés en se focalisant sur la respiration, un alignement correct du bassin, de la colonne vertébrale et des épaules, avec une stabilisation du « centre », appelé « core » ou « powerhouse » dans la méthode Pilates et qui s’étend du bas du plancher pelvien jusqu’en haut de la cage thoracique (le centre comprend ainsi les muscles abdominaux, pelviens, spinaux, de la hanche, le diaphragme). 

Par son action sur les muscles profond, en particulier par l’activation du transverse à chaque mouvement, le Pilates devrait ainsi permettre un meilleur contrôle du tronc et donc de l’équilibre chez les patients atteints de SEP 

S’agissant de la durée et du rythme des séances de Pilates, il est généralement conseillé :

  • environ 10 répétitions par exercice, qui peuvent être augmentées selon le ressenti du patient, 
  • deux séances par semaine pendant une heure, 
  • il faut au minimum 8 semaines de pratique de Pilates pour que les personne atteintes de SEP en ressentent tous les bénéfices (Ene-Voiculescu, 2020).

Les exercices pourront se faire sur tapis ou à l’aide d’instruments comme le Reformer selon les connaissances du kinésithérapeute et du ressenti du patients. Les effets entre le « Mat Pilates » et le Reformer sont en effet similaires auprès des personnes atteintes de SEP (Bulguroglu et al, 2017), bien que le Mat Pilates présente un moindre coût et permet des séances collectives pour la motivation et la prise en compte des liens sociaux. 

Il est bien entendu à noter qu’à partir d’un certain stade la maladie, tous les exercices de Pilates ne sont plus adaptés ou faisables.

* qui détruit la gaine de myéline qui entoure et protège les fibres nerveuses

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